Le géant technologique Meta, propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp, se retrouve au cœur d’une bataille juridique en France. Plusieurs organisations françaises représentant auteurs et éditeurs, notamment le Syndicat national de l’édition (SNE), le Syndicat national des auteurs et des compositeurs (SNAC) et la Société des gens de lettres (SGDL), ont déposé une plainte à Paris, accusant Meta d’avoir utilisé des œuvres protégées pour entraîner ses modèles d’intelligence artificielle (IA) sans autorisation préalable.
Cette affaire marque une première en France dans le domaine des litiges liés à l’IA. Les plaignants reprochent à Meta d’avoir exploité des contenus protégés par le droit d’auteur, notamment des livres, pour entraîner ses modèles de langage, tels que Llama. Ces pratiques, qualifiées de « parasitisme économique » par les associations, soulèvent des questions fondamentales sur les limites de l’utilisation des données dans le développement de l’IA.
Lors d’une conférence de presse, Maia Bensimon, déléguée générale du SNAC, a dénoncé ce qu’elle appelle un « pillage monumental ». Renaud Lefebvre, directeur général du SNE, a comparé cette bataille juridique à un affrontement entre David et Goliath, soulignant l’ampleur du défi pour les éditeurs face à un géant technologique comme Meta.
Cette affaire n’est pas isolée. Aux États-Unis, Meta fait face à des accusations similaires concernant l’utilisation de contenus protégés pour entraîner ses modèles d’IA. La base de données controversée « Books3 », contenant environ 200 000 livres, a été identifiée comme une source utilisée par Meta jusqu’en 2023. L’entreprise a défendu ces pratiques en invoquant le principe du « fair use » (usage équitable), une notion juridique qui reste sujette à interprétation.
Les organisations françaises espèrent que cette action en justice incitera les entreprises d’IA à respecter le cadre légal et à envisager des compensations pour l’utilisation des œuvres protégées. Christophe Hardy, président de la SGDL, a déclaré que cette affaire pourrait ouvrir la voie à une meilleure prise en compte des industries créatives dans le développement de l’IA.
Pour l’instant, Meta n’a pas encore commenté ces accusations. Cependant, cette affaire pourrait avoir des répercussions importantes sur la manière dont les entreprises technologiques utilisent les données protégées pour entraîner leurs modèles d’IA.
Source : Lefigaro