Depuis le début du mois de février, les utilisateurs d’Amazon Web Services (AWS) doivent payer un supplément pour bénéficier d’adresses IPv4 publiques, indispensables pour accéder à de nombreux services en ligne. Cette décision, annoncée par Amazon l’été dernier, pourrait rapporter à la firme de Jeff Bezos entre 400 millions et 1 milliard de dollars par an, selon une estimation d’un ingénieur de Cisco.
Les adresses IPv4 sont des identifiants numériques qui permettent aux machines de communiquer sur le réseau internet. Le problème, c’est qu’il n’y en a pas assez pour répondre à la demande croissante. En effet, le protocole IPv4 ne permet de créer que 4,3 milliards d’adresses différentes, un nombre largement dépassé par le nombre d’appareils connectés.
Face à cette pénurie, les fournisseurs de services cloud comme AWS ont dû trouver des solutions pour optimiser l’utilisation des adresses IPv4. L’une d’elles consiste à utiliser des adresses IPv4 privées, qui ne sont pas accessibles depuis l’extérieur du réseau, et à les associer à des adresses IPv4 publiques, qui sont partagées entre plusieurs utilisateurs. Ainsi, une même adresse IPv4 publique peut servir à plusieurs instances EC2 (des serveurs virtuels) ou à plusieurs noeuds EKS (des clusters Kubernetes).
Mais cette solution a ses limites, car certaines applications nécessitent une adresse IPv4 publique dédiée, par exemple pour établir des connexions sécurisées ou pour utiliser des services comme CloudFront (un réseau de distribution de contenu (CDN)) ou OVHcloud (Fournisseur français de solutions d’hébergement en cloud et service de nom de domaine). C’est pourquoi AWS propose à ses clients de réserver des adresses IPv4 publiques supplémentaires, moyennant un coût.
Depuis le 1er février 2024, AWS facture 0,005 dollar HT par heure pour chaque adresse IPv4 publique utilisée, soit environ 43,80 dollars HT par an. Ce tarif s’applique à toutes les régions AWS et à tous les types de ressources qui utilisent des adresses IPv4 publiques. Il est comparable à celui pratiqué par Microsoft Azure, qui varie entre 0,0036 et 0,005 dollar HT par heure selon les régions.
Remarque : Le prix est encore élevé comparé à celui d’OVHcloud, notre fournisseur français de services en cloud, qui facture 1,50€ HT/mois pour chaque adresse IPv4 supplémentaire, géolocalisée et fail-over, depuis le 6 octobre 2022. Merci de consulter cet article de blog d’OVH pour avoir une idée : IPv4 additionnelles : nouvelle tarification
Ce coût supplémentaire peut sembler dérisoire pour les clients d’AWS, qui dépensent souvent des milliers de dollars par mois pour utiliser les services cloud d’Amazon. Mais pour la firme de Jeff Bezos, c’est une manne financière considérable. Selon Andree Tonk, ingénieur en infrastructure chez Cisco, AWS pourrait gagner entre 400 millions et 1 milliard de dollars par an grâce à cette nouvelle facturation.
En attendant que l’IPv6 se démocratise, les utilisateurs d’AWS devront donc payer le prix fort pour utiliser des adresses IPv4 publiques, ou se contenter des solutions d’hébergement en cloud alternatives proposées par Amazon, comme les passerelles NAT (Network Address Translation), qui permettent de partager une adresse IPv4 publique entre plusieurs ressources privées, ou les interfaces élastiques, qui permettent de transférer une adresse IPv4 publique d’une ressource à une autre.
Cet article a été modifié pour la dernière fois le 7 février 2024 12h25